La Saveur de la pastèque

La Saveur de la pastèque de Ming-liang Tsai (2005) mérite sa place surtout pour son affiche, le film ne contenant pas de scènes de cunnilingus (censure oblige certainement). Mais je laisse ceux qui ont vu le film me reprendre.

Et je cède la parole à Jean-Christophe Ferrari (POSITIF, No. 538) accrochez vous :

Les deux premières séquences de La Saveur de la pastèque, deux femmes qui, filmées grand-angle, se croisent dans un couloir en forme de V (de cuisses écartées), et un jeune homme qui, par manière de parodie du cunnilingus et pour les besoins d'un film pornographique, lèche une pastèque posée sur le pubis d'une infirmière, attestent clairement des enjeux et de la problématique du dernier film de Ming-liang Tsai: nous sommes prisonniers, conjointement, de la sexualité et de sa représentation. 

Comment combler l'écart entre deux corps ? Comment investir un corps ? Comment s'installer enlui ? Peut-on toucher l'autre ? Au sens propre comme au sens figuré ?

À la douleur de ces frustrations, La Saveur de la pastèque, dans une séquence dont la tension transgressive et libératrice est comparable au finale de L'Empire des sens et à celui de La Rivière, offre la plus belle, la plus politique, la plus cinématographique des issues : le regard. En dévisageant avec avidité la femme que jusqu'à présent il n'arrivait pas à pénétrer, malgré les médiations matérielles, sociales, visuelles et politiques, l'acteur joué par Lee parvient enfin à se déverser en elle (dans sa gorge dilatée et obstruée).

J'aime bien l'affiche.

*Extraits de l'article version complète en lien

Comments

[nicocerise]

@Valmont : l'empire des sens je n'ai pas pu le regarder jusqu'au bout. Si je me rappelle bien la lame du couteau le long du sexe m'a donné des sueurs froides.

[Valmont]

J'ai adoré "L'empire des sens" mais je ne connais pas celui-là... Je note... Bises.

[nicocerise]

@Michel Ardant : merci de votre commentaire qui me touche sur ce thème du Buisson Ardent, et je suis heureux de l'effet qu'il génère.

[michel ardant]

érotique, pas vulgaire, traitant d'un sujet souvent négligé par les mâles, les manifestations de plaisir quand on offre à sa tendre ce plaisir doux sont une récompense pour le dispensateur.
BraVo à t'elle dit, Con tinué. "et ce soir, chéri, ne m'oublie pas****"