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La Planète cunnilingus
2 avril 2011

Cunnilingus pervers

Ces pervers se comportent envers leur objet sexuel à peu près de la même manière que les normaux envers le leur. Mais ensuite vient toute une série d’anormaux dont l’activité sexuelle s’écarte de plus en plus de ce qu’un homme raisonnable estime désirable. Par leur variété et leur singularité, on ne pourrait les comparer qu’aux monstres difformes et grotesques qui, dans le tableau de P. Breughel, viennent tenter saint Antoine, ou aux dieux et aux croyants depuis longtemps oubliés que G. Flaubert fait défiler dans une longue procession sous les yeux de son pieux pénitent. Leur foule bigarrée appelle une classification, sans laquelle on serait dans l’impossibilité de s’orienter. Nous les divisons en deux groupes : ceux qui, comme les homosexuels, se distinguent des normaux par leur objet sexuel, et ceux qui, avant tout, poursuivent un autre but sexuel que les normaux. Font partie du premier groupe ceux qui ont renoncé à l’accouplement des organes génitaux opposés et qui, dans leur acte sexuel, remplacent chez leur partenaire l’organe sexuel par une autre partie ou région du corps

Suite à un article précédent je reviens sur ce thème de perversion chez Freud : extrait de Introduction à la psychanalyse. 1923.

Il apparait que la perversion chez Freud se définit par rapport à un critère bourgeois du XIXème siècle (la référence à Flaubert fait sens), un critère juridique : ce qu’un homme raisonnable estime désirable. Ici c'est un juge qui parle.

Est normale, la sexualité dont le seul et unique but est la procréation. Est pervers, anormal, déviant, pathologique, tout le reste.

Donc le cunnilinguiste est un pervers, il doit se soigner.

Peu importe que cette partie ou région se prête mal, par sa structure, à l’acte en question : les individus de ce groupe font abstraction de cette considération, ainsi que de l’obstacle que peut opposer la sensation de dégoût (ils remplacent le vagin par la bouche, par l’anus).

Chère lectrice, Freud est le seul à vous parler de la structure de votre vagin. Cet homme savait parler aux femmes.

L’autre grand groupe de pervers se compose d’individus qui assignent pour but à leurs désirs sexuels ce qui, chez les normaux, ne constitue qu’un acte de préparation ou d’introduction. Ils inspectent, palpent et tâtent la personne du sexe opposé, cherchent à entrevoir les parties cachées et intimes de son corps, ou découvrent leurs propres parties cachées,

Comment Freud se positionne par rapport à ces folies, singularités et horreurs ? Comme un scientifique bourgeois dans une société bourgeoise ? Et maintenant, quelle attitude devons-nous adopter à l’égard de ces modes extraordinaires de satisfaction sexuelle ? Déclarer que nous sommes indignés, manifester notre aversion personnelle, assurer que nous ne partagerons pas ces vices — tout cela ne signifie rien et, d’ailleurs, ce sont des choses qu’on ne nous demande pas. 

(...) tous les organes du corps, en plus de leur fonction normale, joueraient aussi un rôle sexuel, érogène, qui devient parfois dominant au point de troubler le fonctionnement normal.

Voilà une vision du Freud de 1923, le Freud de la normalité et de l'anormalité. Un Freud qui vient présenter son projet à la société bourgeoise et hygiéniste. Un Freud qui comme Charcot est un producteur de spectacle médical. Un Freud qui va construire sa carrière bourgeoise en construisant son domaine d'étude. 

Mais peut-être aussi un Freud qui va faire évoluer la société bourgeoise de l'intérieur, et rendre plus floue la différence entre le normal et le pathologique. A quel prix?

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