28 février 2011
Une langue jouisseuse
Ma chère, en espérant que ce deuxième extrait de Gamiani d'Alfred de Musset et George Sand arrivera à vous émouvoir.
Si tu nous avais vues toutes deux furibondes, haletantes, tu aurais compris tout ce que peut l'empire des sens sur deux femmes amoureuses. Un
instant ma tête se trouva prise entre les cuisses de ma lutteuse. Je crus deviner ses désirs. Inspirée par ma
lubricité, je me mis à la ronger dans ses parties les plus tendres. Mais je répondais mal à ses voeux.
Elle me ramène bien vite sur elle, glisse, s'échappe sous mon corps et, m'entr'ouvrant subtilement les cuisses, elle m'attaque
aussitôt avec la bouche. Sa langue agile et pointue me pique, me sonde comme un stylet qu'on pousse et retire rapidement.
Ses dents me prennent et semblent vouloir me déchirer. J'en vins à m'agiter comme une perdue. Je repoussais la tête de la
Supérieure, je la tirais par les cheveux. Alors elle lachait prise: elle me touchait doucement, m'injectait sa salive, me
léchait avec lenteur, ou me mordillait le poil et la chair avec une raffinerie si délicate, si sensuelle à la fois que ce
seul souvenir me fait suinter de plaisir. Oh! quelles délices m'enivraient! quelle rage me possédait! Je hurlais sans
mesure; je m'abatais abîmée, ou je m'élevais égarée, et toujours la pointe rapide, aigue m'atteignait, me percait avec
raideur. Deux lèvres minces et fermes prenaient mon clitoris, le pincaient, le pressaient à me détacher l'âme.
Non Fanny, il est impossible de sentir, de jouir de la sorte, ce n'est qu'une fois en sa vie. Quelle tension dans mes nerfs! quel
battement dans mes artères! quelle ardeur dans la chair et le sang. Je brûlais, je fondais et je sentais une bouche avide,
insatiable, aspirer jusqu'à l'essence de ma vie.
Toile attribué par je sais plus qui à Martin Van Maele
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